Réforme de la pêche de loisir en mer

Nécessité législative?

L’administration en charge de la pêche maritime, envisage d’adopter un nouveau décret visant à modifier l’article R.921-84 du Code rural et de la pêche maritime.

Ce projet, validé en commission de travail par les représentants de la Confédération Mer et Liberté (représentants des pêcheurs  récréatifs, désignés par cette même administration), introduirait désormais un mécanisme de dérogation ponctuelle. Un mécanisme qui permettrait de ne pas appliquer certaines règles de la pêche professionnelle à la pêche de loisir, lorsque le droit européen le prévoit explicitement.

Présenté comme une clarification, ce projet ne résout en réalité aucune des contradictions actuelles entre droit national et européen. Pire, il ajoute de la complexité en instaurant une logique de dérogation au cas par cas, dépendant d’arrêtés ministériels, ce qui fragilise la lisibilité du droit et ouvre la voie à des interprétations administratives arbitraires.

L'inégalité injustifiée des règles

La pêche de loisir et pêche professionnelle: Des activités bien distinctes

Le projet de modification de l’article R.921-84 du Code rural ne règle rien. Il introduit un système de dérogations au cas par cas, qui rend la réglementation encore plus compliquée.

Ce texte conserve le principe fondamentalement injuste selon lequel la pêche de loisir est soumise aux mêmes règles que la pêche professionnelle, sauf exception explicite. Cette vision est incohérente avec les réalités de terrain : la pêche récréative ne poursuit pas les mêmes buts, ne prélève pas les mêmes quantités, et n’a ni les mêmes impacts, ni les mêmes obligations de rentabilité. Elle mérite donc une réglementation propre, stable et lisible.

Devra-t-on demain demander une autorisation ministérielle pour chaque espèce, dans chaque région ? C’est ce qui se passe déjà avec la coquille Saint-Jacques : selon les administrations, la pêche de loisir est autorisée ou interdite en fonction des règles appliquées à la pêche professionnelle. Et ce flou pourrait concerner toutes les espèces.

Or, une loi doit être claire, compréhensible et la même partout. Aujourd’hui, la pêche du bar depuis le bord est soumise à deux interprétations opposées, alors que le droit européen l’autorise explicitement.

Comme le droit européen est prioritaire sur le droit français, il n’est pas nécessaire de modifier l’article R.921-84 : il suffit de respecter le droit en vigueur, comme l’a fait la DIRM NAMO. À l’inverse, la DIRM MEMN continue d’interdire la pêche de la coquille Saint-Jacques à pied le week-end, en reprenant les règles pro, ce qui n’a pas lieu d’être pour la pêche de loisir.

Vers une réglementation accrue

Les dangers d'une "gestion par dérogation" qui pourrait conduire à la mise en place d'un permis de pêche payant.

Un cadre juridique flou et potentiellement instable Ce projet prétend clarifier l’articulation entre droit national et droit européen, mais il introduit en fait une logique de « dérogation au cas par cas » via des arrêtés ministériels. Cela va créer une insécurité juridique pour les pêcheurs de loisir, qui devront se tenir informés en permanence du changement des règles, potentiellement différentes selon les espèces, les zones et les périodes. Une telle instabilité réglementaire est incompatible avec une pratique populaire, souvent occasionnelle, pratiquée dans le cadre d’un loisir.

Le texte semble préparer le terrain à une marchandisation progressive de la pêche de loisir, contraire à sa nature non lucrative et à l’esprit de liberté qui l’anime.

La « gestion par dérogation », de ce projet, ouvre la voie à une réglementation croissante, pilotée par l’administration, qui pourra justifier de quotas généralisé, pour les pêcheurs de loisir, comme cela est déjà le cas pour certaines espèces mais aussi à brève échéance de la mise en place d’un permis payant.

Ce texte semble donc préparer le terrain à une marchandisation progressive de la pêche de loisir, contraire à sa nature non lucrative et à l’esprit de liberté qui l’anime.
Il est donc crucial de s’opposer à cette dérive afin de préserver la nature récréative de cette activité de pleine nature.

La représentation déséquilibrée des pêcheurs récréatifs

Une gouvernance déséquilibrée

La gouvernance actuelle du groupe de travail pêche de loisir au Conseil National de la Mer et des littoraux soulève question. Quelle est sa capacité à représenter équitablement l’ensemble de la pêche de loisir de loisir avec des administrations sur-représentées et la présence des représentants de la pêche professionnelle et des ONG?
Sans préjuger des capacités des représentants auto-désignés par l’administration, l’absence de communication envers l’ensemble pêcheurs interroge.

La représentation des pêcheurs de loisir

Ce groupe de travail devrait inclure une réelle représentativité de l’ensemble des pêcheurs de loisir. Les représentants de la CML qui ne représente que 3% des pêcheurs, ont-t-ils légitimité pour parler au nom de l’ensemble des pêcheurs non fédérés qui ne les ont pas élus?
L’absence des voix des pêcheurs non fédérés peut mener à des décisions qui ne reflètent pas les besoins et les réalités de tous les pratiquants. Une gouvernance équilibrée est essentielle pour éviter les privilèges.

L'équilibre des parties prenantes

Pour assurer une représentation cohérente et équitable, il est impératif de revoir la composition du groupe de travail. Ce groupe doit inclure la représentation des pêcheurs de loisir indépendants, non fédérés, mais aussi des professionnels que sont les moniteurs guides de pêche. Un équilibre entre les parties prenantes qui est nécessaire pour éviter que les décisions ne soient dominées par des intérêts particuliers, au détriment de la communauté des pêcheurs récréatifs.

Dénonçons ce projet ambigu

Voici une série d’arguments critiques et structurés qui dénoncent ou tout au moins interrogent sur la légitimité, l’efficacité ou les conséquences de ce projet de modification de l’article R.921-84 du Code rural et de la pêche maritime. Ce projet présenté dans la consultation publique comme un simple ajustement technique, pose en réalité des questions de fond sur la place de la pêche de loisir dans les politiques publiques. En persistant à l’assimiler à la pêche professionnelle, il trahit un manque de reconnaissance de sa nature, de ses usages et de sa valeur sociale. Il est donc impératif que cette réforme fasse l’objet d’un véritable débat de fond et non d’un simple habillage juridique.

1. Un cadre juridique flou et potentiellement instable

Ce projet prétend clarifier l’articulation entre droit national et droit européen, mais il introduit une logique de « dérogation au cas par cas » via des futurs arrêtés ministériels. Cela va créer une insécurité juridique permanente pour les pêcheurs de loisir, qui devront se tenir informés en permanence de règles changeantes, potentiellement différentes selon les espèces, les zones et les périodes. Une telle instabilité réglementaire est incompatible avec une pratique populaire, souvent occasionnelle, pratiquée par des pêcheurs amateurs.

  1. Le maintien d’un alignement problématique avec la pêche professionnelle

Le texte maintient le principe que la pêche de loisir est soumise aux mêmes règles que la pêche professionnelle sauf dérogation explicite, alors que les finalités, les volumes de captures et les enjeux économiques sont radicalement différents. Cet alignement par défaut est injustifié, car il ne repose sur aucun fondement environnemental ou économique démontré, et revient à nier la spécificité de la pêche récréative.

  1. Un risque de glissement vers une logique de contrôle continu et une carte de pêche payante

En introduisant une logique de « gestion par dérogation », ce projet ouvre la voie à une réglementation croissante, pilotée par l’administration, qui semble préparer le terrain pour une marchandisation progressive de la pêche de loisir, contraire à sa nature non lucrative et à l’esprit de liberté qui l’anime. Cela pourrait conduire à terme à la mise en place d’une carte de pêche payante assortis d’un système de quotas pour chaque espèce.

    1. Une gouvernance déséquilibrée et peu représentative

    Le groupe de travail évoqué dans le projet, bien que comprenant des représentants associatifs des pêcheurs récréatifs (désignés par cette même administration), est coprésidé par deux sénateurs et encadré par l’administration, sans réelle garantie d’équilibre entre les différentes parties prenantes et notamment la représentation des pêcheurs de loisirs non fédérés que le COPERE représente. Il est donc légitime de s’interroger sur la capacité de ce groupe à représenter la diversité des pratiquants de la pêche de loisir, notamment ceux qui ne sont pas fédérés.

      1. Une réforme pour corriger une erreur administrative

      Ce projet tente de corriger une situation absurde : une interdiction française de la pêche à pied du bar là où le droit européen l’autorise, même pour la pêche de loisir. Cela révèle avant tout les mauvaises interprétations du droit par l’administration française, et non un besoin de modifier le code. Plutôt que de modifier le droit national pour couvrir ses erreurs, l’administration devrait remettre en cause ses responsables et il serait plus cohérent d’appliquer correctement le droit européen, qui reconnaît la spécificité de la pêche de loisir.

        1. Une consultation biaisée dans sa présentation

        La note introductive à la consultation donne l’impression d’un consensus autour de la réforme, en insistant sur l’avis « favorable » du groupe de travail. Cela est de nature à dissuader les citoyens de s’exprimer librement, en créant une impression de fait accompli. Pour garantir un véritable débat démocratique, il est essentiel que les consultations publiques présentent objectivement les avantages mais aussi les risques des projets proposés.

        Je soussigné ….. membre du COPERE, souhaite exprimer une opposition ferme à la modification proposée de l’article R.921-84 du Code rural et de la pêche maritime, et ce pour plusieurs raisons de fond. 1 - Une fausse clarification, source d’insécurité juridique La modification suggérée prétend résoudre un problème d’interprétation entre droit européen et droit national. En réalité, elle crée une nouvelle insécurité pour les pêcheurs de loisir, en instituant une logique de dérogation ponctuelle par arrêté ministériel. Cette approche rend la réglementation de la pêche récréative instable, difficile à comprendre et injustement complexe pour une pratique populaire, souvent familiale et non professionnelle. 2 - Un alignement abusif sur les règles de la pêche professionnelle Le texte conserve le principe fondamentalement injuste selon lequel la pêche de loisir est soumise aux mêmes règles que la pêche professionnelle, sauf exception explicite. Cette vision est incohérente avec les réalités de terrain : la pêche récréative ne poursuit pas les mêmes buts, ne prélève pas les mêmes quantités, et n’a ni les mêmes impacts, ni les mêmes obligations de rentabilité. Elle mérite donc une réglementation propre, stable et lisible. 3 - Un risque de dérive vers un permis de pêche en mer En multipliant les couches réglementaires, ce projet prépare potentiellement le terrain à une gestion administrative renforcée de la pêche récréative, qui pourrait à terme déboucher sur un permis obligatoire ou une taxation déguisée. Cela va à l’encontre de l’esprit de liberté et de gratuité qui caractérise historiquement cette pratique et qui en fait une activité accessible à tous. 4 - Une gouvernance opaque et déséquilibrée La création d’un groupe de travail composé notamment d’élus, d’administrations, des professionnels de la pêche, de structures associatives et de la représentation des fabricants et distributeurs de matériel, ne garantit en rien une représentation équitable des pratiquants de la pêche de loisir. Les pêcheurs de loisir indépendants et non fédérés que le COPERE représente, ne sont pas représentés dans ces instances. Cette réforme, dans sa forme comme dans son fond, manque de légitimité démocratique. 5 - Une réforme pour corriger une erreur d’application du droit européen Le problème mis en lumière, l’interdiction de la pêche du bar à pied dans des zones où le droit européen l’autorise explicitement résulte d’une mauvaise lecture administrative de la réglementation. Il serait donc plus juste de corriger cette erreur directement plutôt que de modifier l’article R.921-84 pour faire entrer dans le droit une exception mal fondée. En conclusion Je demande le retrait de ce projet de décret dans sa forme actuelle et l’ouverture d’un véritable débat public, impliquant directement les représentants de tous les pratiquants fédérés et non fédérés, afin de bâtir un cadre juridique stable, juste et respectueux de la spécificité de la pêche maritime de loisir. En tout état de cause et sans une réponse à la hauteur de l'enjeu de l'administration le COPERE exercera tous les recours possibles devant les juridictions compétentes pour dénoncer ce projet.
        1. Dans l’onglet commentaire, collez votre avis en prenant soin de modifier les « ….. » après « Je soussigné » par votre nom.
        2. Ajouter comme titre  » Contre le projet de modification de l’article R921-84 du code rural et de la pêche maritime.

        MERCI à tous ceux qui se mobilisent pour défendre une pratique raisonnée et gratuite de la pêche de loisir